mardi 23 septembre 2008

Et moi et moi et moi ?



Aujourd'hui, jour des comédiens et danseurs seuls. Pendant que Christophe Naillet et l'équipe du théâtre montent la lumière, Nicolas Vial me fait travailler dans la salle du bas la partie dite Monologue de Dugenou - puisque Dugenou je jouerai, petit homme issu d'une chanson de Thomas Fersen, et l'un des personnages récurrents de La la la. Discret, anonyme, fan éperdu de la Chanteuse (on l'aperçoit au début, lors de l'émission, frapper à la porte de sa loge et lui faire passer une lettre, liée à un thème musical récurrent...), il est de ces gens qu'on ne remarque pas passer, sauf s'ils trébuchent ou se cognent contre quelqu'un. Mais dans le bar des histoires d'amours qui finissent mal en général, il s'épanche soudain comme il ne l'avait jamais fait et s'adresse, en rêve, à la Chanteuse :

Et moi et moi et moi

sur l'écran noir de mes nuits blanches
je l'avais pas vue venir
je suis beaucoup trop sensible à 
une petite fleur qui lui ressemble
Elle avait une joli nom
au bois d'mon coeur....

Lors des premières séances de travail sur ce texte (écrit par Geoffroy et moi), Nicolas et moi (et moi) nous sommes rendu compte qu'il serait beaucoup trop long... Voici donc un des passages que vous n'entendrez PAS à Suresnes le 10, 11, 12 ni même le 14 octobre : 

Dis
J'ai rendez-vous avec vous
au moins le sais-tu
Sur l'pont des Arts
à la gare de Lyon
dans un coin pourri du pauvre Paris
rue debussy
avenue Mozart
dans une maison tout près d'la Seine
aux champs-Élysées
Dans la salle du bar-tabac de la rue des Martyrs
sur la Butte à Montmartre
Dans la rue Watt
(c'est la plus bath)
dans ma rue
dans le placard qui est le mien
sous le soleil exactement
au bois de Meudon
au bois de Saint-cloud
au bois de Clamart
sur les bancs publics
au grand jardin là-bas
(c'est un jardin extraordinaire)
dans le petit bois de Saint-Amand
tout près de la chaussée d'Antin
à Joinville le Pont
à Bouffémont
dans le port d'Amsterdam
dans le port de Vancouver
(spéciale dédicace à Loïc et Suzanne)
sur la moquette la commode ou la véranda
au creux d'un lit improvisé
au bout de la terre
sur une blanche et vaste grève
place de Broukère sur l'impériale
le mardi 23 quai numéro 3
dans dix ans même jour même heure même pommes de reinette et pomme d'api
par l'ascenseur de 22h43
où tu voudras quand tu voudras
plus loin que la nuit et le jour
où la raison s'achève.

Eh bien ça fait toujours ça de moins à apprendre!
Vous les avez toutes reconnues ?
Alors vous méritez
un Mistral gagnant...



Ensuite nous travaillons en improvisation avec Elsa Imbert (la Chanteuse) Louise Moaty (la maquilleuse) et Natalia Cellier (la serveuse, la danseuse, la femme pompette, et de multiples rôles...). Il s'agit notamment de travailler sur le rapport de complicité qui existe entre la maquilleuse et la Chanteuse : riche improvisation d'Elsa et Louise sur des musiques de Duke Ellington, Nino Rota, et des extraits de
La la la où l'on découvre les facettes versatiles de la Chanteuse et le mélange d'insouciance et d'attention démunie de la Maquileuse. Plusieurs moments (attitudes, regards, gestes, rapports, sons...) trouveront sans doute leur place dans le spectacle.





Nous travaillons également sur la part réservée et mystérieuse de cette Chanteuse, le masque et les poses qu'elle arbore quand elle se montre en public. Nous imaginons pour cela la Chanteuse en interview télévisuelle (Louise et Natalia remplissant le rôle des journalistes). Dans les moments où nous gardons notre sérieux, les résultats sont eux aussi intéressants. On pense à Barbara disant de l'air le plus mystérieux qui soit :
je ne suis pas du tout mystérieuse...




(en illustration : Jacques Dutronc, Renaud, Geena Rowlands, Susan Sarandon, Geena Davis et Barbara...)

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