mercredi 9 juin 2010

Babylone-news, suite




Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé

Par Armelle Héliot


Benjamin Lazar met en scène et joue le rôle-titre de la pièce magnifique de Théophile de Viau. L'auteur du XVIIè siècle est rarement joué. Le metteur en scène restitue la prononciation du temps entouré de comédiens aussi doués que lui. Rien n'est figé, tout est vivant, bouleversant.

Il y a une beauté de l'esthétique de Benjamin Lazar. Une scénographie très sombre d'Adeline Caron, éclairée de quinquets à l'avant-scène et des panneaux à bougies imaginés par Christophe Naillet. Ces éléments sont déplacés au fur et à mesure que passent les actes. Le noir domine, comme dans les somptueux costumes d'Alain Blanchot. C'est tout. Ci-desous l'une des très belles photographies de Nathaniel Baruch : lorsqu'entre le Roi, les lustres descendent...

L'essentiel est le jeu. Le surgissement des personnages avec leurs maquillages particuliers (Mathilde Benmoussa) et la manière de dire des interprètes qui, rappelons-le, prononcent à l'ancienne en faisant notamment entendre toutes les consonnes finales. C'est une langue française un peu étrangère qui exige une écoute soutenue. Mais la langue de Théophile de Viau est si belle, que l'on est subjugué de bout en bout.

Par la musicalité très tenue et par l'émotion qui submerge car l'œuvre est immense, d'une puissance fascinante. Pyrame et Thisbé, on connaît surtout par la scène des artisans dans Le Songe d'une nuit d'été de Shakespeare...L'histoire est telle celle de Roméo et Juliette : les amours contrariées et tragiques de deux jeunes gens. Pyrame, incarné par Benjamin Lazar et Thisbé, jouée merveilleusement par Louise Moaty. C'est très beau. Citons les autres interprètes : Nicolas Vial, le roi jaloux, Anne-Guersande Ledoux, la mère de Thisbé, Alexandra Rübner, qui passe d'un personnage à l'autre avec intelligence, Lorenzo Charoy qui fait de même, Julien Cigana, Bersiane et Syllar. Tous unis, personnels, précis, musicaux, bouleversants. Magnifique pour qui aime la langue et l'émotion poétique.

Théâtre de l'Athénée, jusqu'au 12 juin, 20h30 jusqu'à samedi. Durée : 1h45 sans entracte (01 53 05 19 19).

http://blog.lefigaro.fr/theatre/2010/06/pyrame-et-thisbe.html

photo : Nathaniel Baruch

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